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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 13:25
"Une journée pas ordinaire du tout, cela va être une journée infernale !"

( voir toutes les photos dans l'album "Altriman Bruno" ( en bas, à gauche !))

 
... Tout a commencé en janvier, quand je décide de m'inscrire à cette nouvelle épreuve annoncée, comme épreuve voulant détrôner le mythique Embruman qui se vante depuis plus de 25 ans d'être le triathlon ''le plus dur  au monde''.
 Étant un peu revanchard je me dis que l'Altriman est pour moi, je me dois d'effacer Embrun 2008, d'oublier cette journée catastrophique, exécrable, des mois de préparations jetés à terre à cause
d'une météo capricieuse. Ceux qui y ont participé s'en souviennent encore!
Les mois passent, me préparant tranquillement, mettant dans mon programme des petites courses et un premier objectif, "les Frances" à Belfort sur LD, qui s'avère concluant,  prenant une  deuxième place, l'objectif majeur étant atteint, pour le moral, c'est tout bénef' .
Maintenant, l'Altriman se profile à l'horizon. A quelques jours de l'épreuve, je fais un bilan de ma préparation, et me rends compte qu'il me manque, en comparaison à l'an dernier, des kilomètres à vélo, ainsi qu'en course à pied, je m'en étais aperçu, au vu de mon résultat à Belfort.  Tant pis! Comme on dit, les dés sont jetés !... Comme toutes grandes épreuves, la veille on récupère son dossard, croise du monde où l’on échange des points de vue, dépose son vélo au parc, l'occasion de faire connaissance avec le corps arbitral. Côté météo, je m'aperçois très vite que l'on ne va pas être à la fête, soleil inexistant, brume, vent violent. Voilà pourquoi ce petit coin des Pyrénées, le Capcir est appelé la ..."Petite Sibérie"!.... La poisse , le cauchemar d'Embrun 2008 ressurgit à la surface. Je suis maudit Embrun, Belfort, Beauvais....l'Altriman même combat... et le combat va être violent, car coté course, il ne manque rien pour vous dégoûter à tout jamais de faire du sport !.... 
Des chiffres qui risquent d'en effrayer certains , mais pour entrer dans la légende, l'Altriman se doit de placer la barre haute, très haute pour détrôner Embrun.
3,8 km de natation (départ de nuit) avec jeu de piste spécial Altriman proposé par l'organisateur, en réalité, ça sera le seul grain de sable, il faut bien qu'il y ait quelques couacs dans une nouvelle épreuve. Le parcours vélo, 188 kilomètres avec un dénivelé positif de 5100 mètres, 8 cols : énorme !
 et pour finir un marathon/cross,  42 kilomètres 200 , dénivelé 710 mètres positif !....
 
 
Au briefing, Benoît l'organisateur insiste pour que l'on soit prudent, nous rappelle que certaines routes sont étroites, sinueuses, peu de visibilité, qu'il y a des gravillons, des trous, des descentes vertigineuses sans échappatoire, des ravins vous ouvrant grand les bras. Bref, nous souhaite bonne chance... euh bonne course !
Bon j'accélère, ne vous parle pas de ma soirée, des préparatifs.... je suis relax, hum! Je me couche vers 21h30...de mon rêve je vous en parle pas... 4h le réveil; immédiatement je déjeune 4h30 toilettes 4h40 je retourne très vite dans mon trafic, mauvaise nouvelle il fait très froid, température 7°, ciel couvert. Brrr.... , j'enfile ma combinaison, j'enfonce mon bonnet sur les oreilles, mets les gants, prends mon sac, et direction le parc.
5h05 , quand j'arrive l'ambiance est feutrée, calme, je me rends à mon emplacement à tâton, faut sortir la lampe frontale, au moins elle me servira pour le matin, car j'espère  ne pas l'avoir à l'utiliser pour le soir, celle-ci étant obligatoire sous peine de disqualification (ça ne me concerne pas.... je rigole, on verra bien !??...) je prépare soigneusement mes tenues, visualise une dernière fois mon emplacement. Dans quelques minutes j’ai rendez-vous en... enfer !
 
L' heure H approche.... je me rends au départ , accompagné de mon petit-fils (5 ans) , Nathalie, Gérard, et, mon père me recommandant une dernière fois d'être prudent, surtout sur le parcours vélo... «Oui Papa !» (...inquiet le paternel, c'est mon père, alors respect!)
 On annonce 7 minutes du départ, à cet instant la gorge se serre, les même symptômes qu'à Embrun, je suis bien au départ d'un Ironman.... 5minutes, j'ai le cœur qui tape fort, j'essaie de me décontracter, mais l'angoisse est bien présente... et, puis comme à Embrun, le public se met à
frapper dans les mains, nous faisons de même, ça y est, c'était le petit geste à faire pour me décontracter , je respire à fond... départ 1 minute... le silence s'installe , un projecteur s'allume de l'autre coté du lac , c'est la première bouée à atteindre .... «normalement» !
Le coup de fusil libérateur, retentit. Ce jour nous serons les 119 premiers à nous élancer sur l'Altriman, « le triathlon le plus dur au monde»,cela sera confirmé par le chrono du 1er en fin de journée.
On se souviendra, que la météo est à 7°, l'eau à 15°, le ciel chargé, et la tramontane qui s'invitera à l'événement, que du bonheur! Croyant oublier la journée apocalyptique d'Embrun 2008 et bien c'est l'inverse, j'y pense fortement, les mauvais souvenirs refont surface.
Départ sans encombre, ni encombrements, je suis à distance le bateau ouvreur qui se dirige, comme prévu vers les projecteurs... erreur (qui sera la seule), des bateaux se mettent en travers de notre route nous crient que nous nous sommes éloignés du parcours!!! Effectivement, à quelques mètres, je vois repasser les premiers se dirigeant vers la fameuse 1ère bouée, je percute, comprenant que nous sommes mal orientés, nous n'irons pas contourner la seconde bouée, piquant directement sur la troisième, afin de récupérer la bonne trajectoire, ainsi s'achève le couac jour ! Fin du 1er tour, sortie à l'australienne, la plus longue jamais faite environ 100 m à courir, sympa pour le public... et plouf on replonge pour un second tour avec contournement de toutes les bouées, l'organisateur a rattrapé le coup, ouf! Je pense que les premier ont été un peu volé dans l'histoire, ….et bien ils avaient qu'à nager moin vite!!! Je sors de l'eau, 59 minutes, je suis dans les temps, par contre concernant la transition, record battu 12 minutes, à vrai dire je suis relax, surtout ne rien oublier, il fait froid, donc je prends le temps de bien me couvrir. Nathalie , me voyant hesiter, insiste pour que je me sèche complètement, elle me crie que le premier l'a fait devant les arbitres et qu'ils nont rien dit, «ok ne te fâches pas»,donc strip-tease au programme ,le ravito dans les poches et surtout ne pas oublier le dossard, et je pars...


 36 ème, premier kilomètre , sortie de la base des Oursons éviter les trous, ça serait bâlot de percer dès le départ, puis je prends mon rythme de croisière.













3 éme kilomètre, premier col, Quillane 1710 m, montée roulante, suivi après d’un petit faux plat descendant puis second col plus sérieux, le col de Llose 1861, la tramontane se lève …., je bascule comme dans un grand 8, dans une descente ou il va falloir ouvrir grand les yeux, parois rocheuses, ravins, gravillons sont bien au rencard! Les kilomètres défilent, je passe Railleu au 35 éme kilomètre, petit à petit je gagne des places, et surtout je me rapproche de la tête de course. Troisième col, celui du Creu 1708, retour vers le lac de Matemal, passe devant les supporters qui m'annonce en 15éme position à 20 minutes du premier. Je suis au 45 éme kilomètre. Les kilomètres s'empilent,…. 50,60, Escouloubre le Bains, pour le moment les bains ne sont pas nécessaire, c'est plutôt du soleil que l'on aurait besoin, car plus je me rapproche de la grosse difficulté plus la température baisse. 73 éme kilomètre j’approche du ravito perso, dilemme se découvrir ou bien rester emmitouflé! Mijanés,  moment crucial, je demande aux bénévoles le temps qu'il fait  au col, le verdict tombe, entre 0°et 1°, vent puissant défavorable, pluie, neige fondue. Y a pas photo, je reste couvert. Bonne nouvelle on me communique mon écart 20 minutes de la tête de course, mais surtout je suis dans les 10 premiers. Je repars pour gravir le col de Paillières , le 74éme km, 15 kilmomètres d'ascension à 9%, point culminant de l'épreuve 2001m. Effectivement au passage du col, je suis accueilli par une pluie fine, mon amie la tramontane et en arrière plan les neiges éternelles, cela aurait pu être jolie si la brume ne s'était pas elle aussi invité. Bref, 30 secondes d'arrêt, je rajoute une couche supplémentaire en l'occurrence le journal du coin et je repars. Je vous emmène dans une descente de dingue, accrochez-vous bien, âmes sensibles, coeurs fragiles, s'abstenir. Les premiers virages sont abordés prudemment, la route étant humide, je prends confiance les relances se font de plus en plus fortes, la pente descendante s’accentue  les records de vitesses vont s’accumulé... 85k/h, lignes droites suivantes, 98k/h....102k/h,107k/h, frissons garantis... à l'entrée de la station de ski d'Ascou-Pailhères, je me met à relancer fortement, le cadre Scott se met à vibrer dans tous les sens, ok, pas de panique, freinage d'urgence, c'est fini pour les records, je redescends sur terre, je me calme je n'irais plus au-delà des 88 k/h...  ,un tiens, vaut mieux que deux tu l'auras... ta chute. Bien sur je n'oublie pas de me ravitailler, cela va de soi, environ tous les 10 kilomètres, gels, barres de céréales, pates de fruits, gâteaux, pita au poulet... le grand festin!
Arrive le 100éme kilomètres, et, les premiers rayons de soleils timides, mais cela ne m'interpellent pas je reste couvert, je suis dans une course, sachant qu'il me reste des cols au programme. Justement arrive le 5éme, le col de Pradel à 7%, altitude 1680 m ,au col on me renseigne 14 minutes du premier et je suis en 9éme position, quelques kilomètres plus loin je rattrape un concurrent et lui demande s'il est au courant de son classement il me répond que nous sommes dans les dix premiers, je le double et me retrouve 8éme sur cette route descendante limite chemin forestier. La météo change, mais je ne réagi toujours pas, concentré sur mon objectif, tout semble aller pour le mieux, arrive le col de Garavel 1262 m, 15 kms à 11% de moyenne, des passages allant jusqu'à 18%. Ah, si j'avais été lucide, mais s'est trop tard, l'erreur est faite, prit dans la course, ayant passé le ravito perso de Gesse, je ne pouvais plus me débarrasser de mes affaires et de plus je ne pensais même pas à les enrouler autour du guidon, les gestes les plus simples, prit dans la bagarre on les oubli. Le calvaire commence, pour le moment je gère, ne m'affole pas, le rythme baisse, mais pas le mental. Je fais un tour rapide du proprio! Tant pis pour le chrono et la place, s'agit de limiter les dégâts, je grimpe comme je peux, ce col qui n'en fini plus. La chaleur m'envahi, je transpire, une véritable fontaine, j'ai soif, un premier adversaire me rattrape, ce n'est pas grave. Ca descend, puis remonte sur Rodome 2,5 km à 18%, je suis au ralenti, St Colombe ça devient très dur, je suis pratiquement à l'arrêt, j'ai même l'impression de reculer, puis un, deux, trois,  quatre concurrents me repassent , va falloir arrêter l'hémorragie, j'ai de plus en plus chaud, bain de vapeur, j'y suis dans le hammam. Je passe Carcaniére 3 kms à 16% je touche le fond , je suis bien en enfer. Arrive celui qui au France de Belfort termine derrière moi en 3éme position. Surprit de me voir en vrac et surtout couvert comme en hivers, me conseille de me découvrir je le remercie de ces bons conseils, mais debout sur mes pédales ce n'est pas le moment de m'arrêter, sinon je ne repars pas, faut que je passe le sommet, trop content d'y être parvenu, j'oublie le conseil et me lance dans la descente beaucoup trop courte, la joie sera elle aussi de courte durée, car arrive le col de Moulis au 158 éme km, 4 kilomètres d'ascension pour une altitude de 1099 metres , le calvaire continu, les neurones sont débranchés, j'en aurai pourtant besoin.J'entame ensuite le col des Hares, complètement vidé, de 900 mètres d'altitude, va falloir revenir au lac de Maternal à 1550metres. Seul point positif sur ce chemin de croix, je me rends compte que je perds peu de place et apprends que les premiers sont en retard sur le timing.182 kilomètres, dernière folie, en passant à Formiguères, étant en surchauffe, je profite d'une fontaine en centre ville pour y plonger, je repars pas bien vite, mon petit-fils de 5 ans , voir ma grand-mére de 101 ans auraient pu me suivrent... enfin le 188 kilometres.... ce n'est pas la délivrance mais c'est bon pour le moral, je rentre en marchant, le speaker s'enfflamme en annonçant mon entrée en 19éme positions.. je regagne mon emplacement regarde autour de moi il n'y a pas beaucoup de vélos, je me déshabille lentement, entends les encouragements, que faire abandonner, déçevoir ceux qui m'ont aidé lors de mes entrainements, ceux qui m'ont accompagné, supporté mes caprices. Une petite voix m'encourage, justement c'est Lizyano, mon petit-fils, je n'ai pas le droit d'arreter, je dois repartir, de plus mon père m'attend à la sortie du parc,  il doit s'impatienté, après 13 minutes de réflexion, record perso de transition battu, je me lève, on m'indique la sortie, merci mais en 13 minutes j'ai largement eu le temps de voir ou se trouvait l'entrée du marathon! Les chiffres…. 710 metres de positif, point culminant 1837, un passage à 15% sur 1 kilometre500.

Et c'est reparti au ralenti je ressors en 25 éme, les jambes sont lourdes, mais bizarrement, je ne me sens pas épuisé, j'ai seulement les cuisses explosées, le dos en compote, je n'ai pas reconnu le parcours.... heureusement! Au départ, vous courrez comme aux Settons pour ce qui connaissent, mais puissance 10, mon père me rassure, disant qu'au ravito je retrouverai le bitume, il a raison après le ravito je suis sur la digue, lui sur le V.T.T m'annonce un petit 12 k/h, ben…, c'est pas si mal je croisse le 3éme, 4éme... ils sont au 8 km au bout de la digue, je croisse mon conseilleur Alexandre,il finira 8éme. Arrive le 5 éme km, demi-tour qui se fait après une petite escalade de 300 mètres à 6%. Bon, ça c'est fait, il faudra le refaire une seconde fois. On repasse par le champs de patates, ressort de la base des Oursons et me dirige vers la station de ski les Angles. Au 10 éme kilomètres commence la monté vers la station, douce au début puis 1 kilomètre 500 à 15%..... je n'abandonnerai pas non... mais je bute, je marche sur les 500 derniers mètres, les premiers que je vois marcher ne sont toujours pas arrivés. Après le ravito je replonge vers le lac de Balcère à l'abri des rayons de soleil dans un trou, il y fait froid, le bénévole de service, un sibérien certainement est couvert comme tel, bonnet, parka, gants polaires, je passe devant en débardeur faut pas que je m'y attarde... après ce passage au fond de ce gouffre, je remonte pas à pas vers le soleil vers le 23éme kilomètre … enfin un combat s'annonce, un espagnol vient me bousculer, un chassé croisé s’engage ... à chaque fois que je reprends le dessus mon organisme ne supporte pas, m'obligeant à stopper, vomir mes tripes ou du moins, ce qu'il en reste, ça fait très mal, une fois la tempête intestinale passée, je reprends ma course, repasse devant 5 fois, 6 fois, mais finalement à ce petit jeu il aura ma peau , finissant 30 secondes devant et me faisant  perdre 1 place!
La fin de l'épreuve est magique, l'organisateur a eu la bonne idée d'installer à 200 m de l'arrivée une caméra fixe , permettant au public de suivre nos derniers mètres et se préparant à nous accueillir, nous acclamer à notre arrivée et quelle arrivée!!!
(PS : mettre le son pour avoir l'ambiance !)


Vous arrivez à l'abord d'une salle de sport, les mains se tendent vers vous afin de vous toucher, la musique à fond, naturellement le tube de 1998  mis en boucle, puis vous pénétrez dans cette hall des sports, la porte du paradis une trentaine de mètres vous séparent de l'arche, le ventre se serre, la gorge aussi et derrière mes lunettes les larmes viennent et oui je craque et, encore plus quand je vois Lizyano, mon père, Nathalie, Gérard face à moi. Le dénouement approche , 5 marches pour atteindre l'arche, encore un point culminant à atteindre, mais là, je savoure, je franchi la ligne 15h35 et 26éme. Je pousse un gros ouf, je serre des mains, certains se lâchent sur la ligne, moi je me contiens, ma joie est intérieure, je sais ce que cela représente pour moi et mon entourage.
Mille fois j'aurais pu abandonner, j'ai tenu physiquement et mentalement. Embrun 2008 est loin, balayé de mon esprit!!!!
Je suis fier de ma journée, d'avoir écrit une nouvelle page vivante de mon histoire d'amour avec le triathlon.

Je remercie mes fans pour leur soutien, mon petit doigt me dit qu'eux aussi on souffert. Je remercie, Marc de m'avoir offert la possibilité de me préparer du mieux possible et Trimax pour le prêt du matos enfin les Torcéens qui auront suivi l'épreuve à distance, à qui je souhaite un jour de pouvoir franchir cette nouvelle ligne d'arrivée mythique qu'est l'Altriman.

                                   «Je suis entré dans la légende de l'Altriman».

                                                                                   Bruno

plus d'infos :
http://www.torcytriathlon.com/modules/newbb/viewtopic.php?topic_id=245&forum=3

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